CHAPITRE XVII

Qui-Gon trouva Obi-Wan qui l’attendait aux portes du palais. À la vue de son Padawan, son cœur bondit.

– J’ai essayé de te joindre sur ton comlink, lui dit-il.

– J’étais injoignable, répondit Obi-Wan en souriant, vu que j’étais enfermé dans une chambre froide. Je vois que vous avez fini par convaincre Élan de participer aux élections.

Qui-Gon acquiesça.

– Lorsque les Gardes Royaux ont attaqué, elle a compris qu’on avait besoin d’elle. Où est Giba ?

Obi-Wan emmena Qui-Gon à l’intérieur du palais.

– Le prince Beju a donné ordre de l’arrêter. Il ne pourra échapper bien longtemps aux gardes.

– Le… prince Beju ? releva Qui-Gon, déconcerté.

Il ne s’attendait pas à le voir se dresser contre ses alliés.

– Il s’est rendu compte qu’il ne pouvait faire confiance à Giba. (Obi-Wan fronça les sourcils.) J’espère qu’il n’est pas trop tard pour sauver la Reine. J’ai envoyé un médecin lui administrer un antidote, mais elle est très faible.

– Tu n’as pas perdu ton temps, Padawan, dit Qui-Gon avec un hochement de tête approbateur.

Il s’était demandé si Obi-Wan était de taille à prendre en main la situation du palais. Lorsqu’il n’avait pu le contacter, il avait craint d’avoir laissé son Padawan aux prises avec des difficultés trop lourdes pour lui. Mais, à l’évidence, Obi-Wan avait surmonté tous les obstacles qui avaient pu se présenter.

– Pour ce qui est de Jono, dit Obi-Wan, vous aviez raison.

Qui-Gon posa la main sur son épaule.

– Je suis navré de l’apprendre.

Tous deux entrèrent dans la salle de réception de la Reine. Le prince Beju les y attendait.

– Élan est-elle avec vous ? demanda-t-il à Qui-Gon.

Le Jedi secoua la tête.

– Elle est allée voir Wila Prammi. Si vous le souhaitez, je peux arranger une rencontre.

Le Prince fronça les sourcils.

– Je ne sais pas encore, fit-il d’un ton hésitant. D’abord, je dois m’occuper de ce qui se passe ici.

En ce moment même, Giba doit être en état d’arrestation.

– Permettez-moi d’en douter ! lança une voix.

Giba entra dans la pièce à grandes enjambées furieuses. Il agitait une enveloppe contenant son mandat d’arrêt.

– Ce torchon est signé par le prince Beju. Il est par conséquent caduc. Vous n’êtes pas le maître de Gala, Prince. (Giba eut un sourire à glacer le sang.) Et vous ne le serez jamais. À la mort de la Reine, ce n’est pas vous qui monterez sur le trône.

– Ne m’enterrez pas si vite.

La Reine se tenait dans l’entrée. Elle dut s’appuyer au chambranle, mais réussit à se tenir droite, la tête haute.

– Gardes ! fit-elle avec un filet de voix aux deux soldats qui l’escortaient. Arrêtez cet homme !

Giba fouilla sous ses robes et tira le sabre laser d’Obi-Wan. Qui-Gon tressaillit en le voyant, mais s’empressa d’activer le sien.

– Je vous déconseille d’affronter un Jedi avec cette arme, dit-il à Giba d’un ton badin.

– Votre opinion m’importe peu, rétorqua Giba en se fendant.

Dans un éclair vert, Qui-Gon para sans mal l’assaut maladroit de Giba, et, se tournant, le frappa au poignet. Avant de pouvoir dire ouf, le ministre se retrouva désarmé et mordit la poussière.

Qui-Gon rendit son sabre laser à Obi-Wan. Les gardes s’avancèrent pour arrêter Giba.

– Un instant ! s’écria le ministre avec désespoir. Vous n’avez pas à obéir à la Reine. Cela fait des années que vous prenez vos ordres auprès de moi. De toute évidence, la maison royale est en pleine déroute. Vous n’avez pas vu ce qui s’est passé ? Élan a débarqué avec une armée ! La guerre civile est à nos portes. Notre seul espoir est d’apporter notre soutien à Deca Brun. L’heure n’est plus aux élections. Si vous me laissez partir, je l’amènerai ici.

– Et qu’est-ce qui vous fait croire que Deca Brun va vous écouter ? demanda le prince Beju.

– Parce que je suis un membre avisé et respecté du Conseil des Ministres, dévoué corps et âme à Gala, ma planète bien-aimée.

– Où avez-vous trouvé ce sabre laser, Giba ? demanda Obi-Wan.

– Dans le palais, bien sûr. Vous l’avez laissé tomber en fuyant les gardes.

– J’en doute, répondit Obi-Wan. Un Jedi n’abandonne jamais son sabre laser. Ce sont les hommes de Deca Brun qui me l’ont retiré.

– Comment pourrais-je le savoir ! aboya Giba. Et j’ignore de quoi vous m’accusez.

– Je vous accuse d’être de connivence avec Deca Brun, répliqua Obi-Wan d’une voix ferme.

Qui-Gon lui jeta un regard surpris. Son Padawan bluffait-il, ou avait-il des preuves de ce qu’il avançait ?

Personne ne remarqua Jono qui entrait sans bruit dans la pièce.

– C’est vrai, affirma-t-il d’une voix calme. Giba craignait que le Prince ne perde les élections. Il est allé trouver Deca Brun pour lui proposer un marché : lui fournir soutien et argent provenant d’une source extérieure à Gala.

– D’Offworld, renchérit Obi-Wan. J’ai vu les archives au Q. G. du parti de Deca.

Qui-Gon se tourna vers Obi-Wan. Décidément, son Padawan le surprenait.

– Tu n’as vraiment pas perdu ton temps, murmura-t-il.

– En échange, conclut Jono, Deca attribuerait un poste à Giba dans son nouveau gouvernement. Giba ne voulait pas courir le risque de perdre son pouvoir.

– Arrêtez-le, répéta la Reine d’une voix chevrotante.

Les gardes passèrent des électro-menottes au ministre félon et l’emmenèrent.

– Tout est fini, dit la Reine.

Beju la rejoignit et passa le bras autour de ses épaules pour la soutenir.

– Que le peuple choisisse !